vendredi 27 avril 2007
Back to Bangalore

Un article du Monde fait état d'un phénomène qui prend de l'ampleur aux Etats-Unis: le B2B (à prononcer bi-tou-bi), originellement business to business mais dont le nouveau sens est «back to Bangalore». Les B2B, ce sont les ingénieurs, informaticiens et autres professionnels indiens émigrés aux Etats-Unis, qui aujourd'hui reviennent, fiers de voir l'Inde aux avant-postes de la mondialisation, confiants dans l'avenir et heureux de pouvoir exercer leurs talents chez eux, près de leurs amis et de leur famille.

"Dans les années 1990, ils furent si nombreux, ces petits prodiges du logiciel, à faire le succès de l'informatique américaine, qu'il était de bon ton de plaisanter sur l'odeur de curry flottant dans les couloirs de Palo Alto, en Californie. Dix ans plus tard, on ne plaisante plus. A Bangalore, il y a tout sur place : le software et le curry. Pourquoi s'exiler dans les banlieues aseptisées de la Silicon Valley?"

Et on se prend à rêver d'un phénomène similaire en France que l'on pourrait appeler «retour à Alger» ou encore «retour à Ouagadougou». Mais la chose est impossible pour plusieurs raisons:
D'abord parce que nos immigrés ne constituent en rien une élite (merci au regroupement familial),ils n'apprennent pas grand chose en France, en tout cas, rien de très productif; ensuite, parce que leur pays d'origine ne décolle pas, contrairement à l'Inde, et barbote dans une mélasse de corruption, de socialisme et de népotisme.

Pour finir, c'est dans ce cas précis que l'on peut entrevoir une vertu au communautarisme et apprécier le pragmatisme anglo-saxon à sa juste valeur: la vie communautaire a permis à ces immigrés de garder vivantes leurs traditions, de génération en génération, si bien qu'il leur est possible de rentrer dans le pays d'origine de leurs parents ou grands-parents avec un savoir-faire occidental et une culture bien à eux.
Ce scénario est là encore inenvisageable en France où l'on cultive l'universalisme républicain, censé assimiler tout ce qui passe par le territoire national pour en faire du Français bien comme il faut. Comme si l'on pouvait indéfiniment absorber les autres tout en restant soi-même....