mercredi 6 juin 2007
L'Opus Dei contre-attaque

Catherine Fradier, auteur d'un roman intitulé Camino 999, paru aux éditions Après La Lune, et son éditeur jean-Jacques Reboux se voient assignés devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, à la requête de l’Association de la prélature personnelle dite "prélature de la Sainte Croix et Opus Dei" (association déclarée le 2 mai 1996, et ayant siège social dans le XVIe arrondissement de Paris; l’Opus Dei, dont le fondateur, José Maria Escriva de Balaguer, prêtre catholique canonisé en 2002 par Jean-Paul II, a été fondée en 1928 pour sa part).

Selon l'association, "L’ouvrage, qui doit être présenté comme entièrement diffamatoire, y compris la première et la quatrième de couverture, relate l’enquête d’un chef de groupe de la brigade criminelle de Lyon sur des meurtres orchestrés par l’Opus Dei". Il est reproché à l'auteur "de mêler étroitement la fiction et la réalité, le vrai et le faux, sans avertir le lecteur sur la distance qu'il conviendrait de prendre quant aux faits énoncés et sans jamais l'inviter à faire la différence entre fiction et réalité». En effet, le roman évoque l’affaire Matesa, scandale politico-financier espagnol qui en son temps éclaboussa Giscard d’Estaing, alors à l’Elysée. Et enfin de "faire référence dans le titre, Camino 999, à l'oeuvre de José-Maria Escriva El Camino, composée de 999 maximes spirituelles".

Citant très précisément les pages incriminées, l’association catholique se voit présentée comme une organisation criminelle ayant détourné des fonds publics espagnols et commandité des assassinats, et reproche aux auteurs de ne pas avoir pris de précaution pour que les faits et personnages du livre puissent être clairement distanciés des faits réels de cette affaire.

Il aurait été étonnant qu'au pays de Voltaire, les émules de Dan Brown ne tentent pas un coup en exploitant le filon anticatholique et complotiste, toujours très lucratif. C'est chose faite. Le fait qu'il y ait un os va certainement donner du grain à moudre à une certaine presse prompte à défendre « la liberté d'expression » lorsque celle-ci abonde dans le sens de ses misérables petits préjugés.